Dans la ligne de la "Présentation du Christianisme" (et surtout du Knol), j'entreprends ici une présentation plus détaillée des convictions chrétiennes, en des termes qui cherchent à s'adresser à un incroyant de bonne foi, par exemple un scientifique, qui soit ouvert.
Par ouvert, j'entends quelqu'un qui, sans croire en Dieu, accepte l'idée qu'un être supérieur ("Dieu") existe peut-être, et est prêt à écouter ce que les croyants ont à dire à ce sujet.

Au lieu de partir du vocabulaire habituel des chrétiens, je vais m'efforcer de présenter les choses d'une façon qui soit la plus compréhensible possible par mon interlocuteur. Et aussi qui tienne compte de toutes les ouvertures proposées par le texte "Approches".

Encore une précision: en disant ci-après "les chrétiens", je ne prétends évidemment pas que les chrétiens partagent tous exactement les mêmes convictions, mais j'espère décrire une position assez habituelle chez les chrétiens convaincus et avancés dans la foi.

Le texte ci-dessous n'est qu'une brève ébauche, qui sera à compléter; je serai heureux que des lecteurs me fassent part de suggestions quant à des sujets qu'il serait utile de développer dans le cadre de cette page.

Se reporter aussi éventuellement au "guide", qui est écrit dans un esprit différent et est destiné plutôt aux débutants dans la foi.
Les commentaires peuvent être faits sur le blog.

1. Comme l'explique le texte "Présentation du christianisme", les chrétiens sont convaincus qu'un être supérieur existe et qu'il se fait connaître à nous. Ils pensent également que Jésus était plus qu'un homme: la présence de Dieu parmi nous.

2. Les chrétiens pensent que l'être supérieur (ou les êtres supérieurs) qui se sont fait connaître en la personne de Jésus continuent à être présent(s), d'une façon discrète mais néammoins parfois convaincante pour qui a admis son/leur existence. Appelons le(s) "Dieu", sans guillemets pour alléger.
Pourquoi il y a du mal dans le monde est une autre question, dont de bons auteurs reconnaissent que Jésus ne nous a pas donné l'explication. Il faut d'ailleurs distinguer entre la question de l'origine du mal, celle de son développement par suite des faiblesses des hommes, et enfin le refus possible de Dieu d'intervenir pour agir visiblement - et limiter de ce fait la liberté de l'homme.

Les chrétiens ont la conviction que la force d'amour que représente Dieu se propose à eux et leur permet de progresser dans l'amour. L'amour proposé par Jésus est à la fois épanouissement et don de soi, éventuellement jusqu'à la mort; un équilibre dynamique est à trouver entre les besoins de la personne (il ne s'agit pas de se détruire mais de s'aimer soi-même) et le "projet" auquel on peut souhaiter contribuer en se donnant au service des autres, chacun selon son chemin propre.

Le texte que j'ai écrit sur le salut montre comment ceci se développe pour aller dans le sens d'une communauté d'amour de plus en plus large. Toutefois Jésus n'a pas promis que cela se réaliserait sur terre (certains chrétiens le pensent néammoins).

3. Les chrétiens se réunissent pour prier et approfondir leur foi. Puisque le christianisme consiste (ou devrait consister) à apprendre à aimer, il est préférable d'en parler ensemble, et d'essayer déjà de le mettre en pratique entre nous. Dire que les chrétiens y réussissent serait optimiste, mais il y a de beaux exemples.
On dit parfois que les chrétiens ne sont pas meilleurs que les autres: est-ce que ceux qui disent cela veulent en déduire que le christianisme n'apporte rien? Des chrétiens sont à l'origine de beaucoup de progrès de l'humanité, sans que cela exclue naturellement - et heureusement - les non chrétiens.
Nous sommes chrétiens parce que le christianisme nous semble vrai, et nous avons la conviction qu'il apporte quelque chose, à nous mêmes et aux autres. Mais nous avons conscience de nos faiblesses, de notre "péché".

J'ai parlé plus haut, à propos du mal dans le monde, des "faiblesses" des hommes. Car, c'est une évidence, l'homme reste une sorte d'animal, bien imparfait et guidé par des passions. Par "péché" j'entends l'absence d'amour. Notre amour est toujours imparfait, et nous devons reconnaître nos limites. Pour un chrétien, est "péché" ce qui ne va pas dans le sens de l'amour. Il ne faut pas culpabiliser (voir le texte "A propos du péché et de l'humilité"), mais nous remettre entre les mains de Dieu.

Qu'est-ce que veut dire "se remettre entre les mains de Dieu"? C'est vivre dans la confiance, et non en se contractant et en voulant tout contrôler. Ceci suppose d'être convaincu - par des années de progrès dans la foi - que Dieu peut nous guider; et qu'il nous guidera d'autant mieux que nous serons ouverts, adaptables, sensibles.

4. Les "aliments" de la vie chrétienne sont la prière, l'étude de la Bible, l'enseignement donné par des personnes suffisamment avancées spirituellement, le partage du "repas du Seigneur" et les "motions" de l'Esprit Saint.
Je commence par ces deux derniers, tout simplement à cause des guillemets que j'ai été obligé de mettre et qu'il faut remplacer par une explication:
- Chez les catholiques on appelle "eucharistie" (ou plus simplement "communion") ce que chez les protestants on appelle "Sainte Cène": il n'y a donc pas de mot commun; et ce que les uns et les autres comprennent sous leur mot est un peu différent. Jésus a institué avant sa mort ce "repas" spécial dont les disciples ont ensuite fait le centre de leurs réunions. Jésus avait dit en partageant du pain "Ceci est mon corps", et les chrétiens ont compris que ce repas commun était le signe de l'unité des chrétiens entre eux, formant comme un seul corps, l'Eglise.
- L'expression "motions de l'Esprit Saint" que j'ai utilisée signifie que nous pouvons par moments ressentir la conviction que Dieu (son "Esprit") nous pousse dans une certaine direction: ce sont des petits "signes", que certains ressentent plus que d'autres et plus fréquemment, et qui n'ont de sens que pour celui qui les reçoit.
- La prière est à la fois écoute et parole. Savoir rester en silence intérieur, dans un endroit calme, est utile à tout homme. Le chrétien est convaincu que Dieu est présent. La prière est aussi demande, calme ou anxieuse selon notre état intérieur: prière pour soi-même, dont la meilleure est de demander que notre coeur et notre esprit changent pour plus d'amour; prière pour les autres, parlant à Dieu de ceux que l'on aime. L'un des sommets de la prière est la louange, qui consiste à remercier Dieu pour ce qu'il a déjà fait pour nous et dont nous sommes convaincus qu'il continuera à le faire: ce qu'il fait pour nous n'étant pas de nous donner la santé ou la richesse, mais la paix intérieure.
- L'étude de la Bible permet de se plonger encore et encore dans la vie de Jésus et dans la révélation progressive qui l'a précédée, ainsi que dans les débuts de l'Eglise. Ces textes sont souvent d'une grande richesse et on y découvre toujours de nouveaux aspects. Ils sont "datés", c'est à dire qu'ils s'expriment en fonction du contexte intellectuel et social de leur époque, dont il convient de tenir compte en les lisant. Les lire nous aide en particulier à approfondir ce qu'est l'amour que Dieu nous propose.

5. La résurrection de Jésus, dont les chrétiens sont convaincus qu'elle a effectivement eu lieu, est à la fois un des signes montrant qu'il était vraiment présence de Dieu, et une de nos raisons de penser que l'existence continue après la mort.
Certaines déformations du christianisme ont conduit - et conduisent encore - à penser que la vie actuelle n'est que la préparation de la vie future, ou encore que ce que nous aurons cru durant cette vie décidera définitivement de notre sort après la mort. D'autres chrétiens pensent qu'après la mort ce sera la "béatitude éternelle" en présence de Dieu.
En fait il n'est pas possible à un chrétien de dire grand chose de cette existence après la mort: nous avons le ferme espoir que ce qui a été commencé sur cette terre ne sera pas perdu, et que donc il sera proposé à chacun de continuer à s'élever. En dire plus serait dépasser ce qu'il est raisonnable d'affirmer.
Certains chrétiens - pas les protestants - pensent qu'il est possible de "prier" les morts et en particulier ceux dont la vie a été particulièrement centrée sur l'amour. Puisque nous pensons que Dieu agit, quoique discrètement, dans le monde, il n'est pas interdit de penser qu'il agit parfois par l'intermédiaire "d'envoyés" spirituels, ce qui est un autre mot pour désigner les "anges"; et de même certains chrétiens pensent que "les saints" peuvent parfois agir, pour Dieu et avec Dieu, dans le monde.